Politique de gauche: Socialist Standard Past & Present : Greedflation ? (2023)

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La chronique Cooking the Books du numéro de juin 2023 du Socialiste Standard

« Une seule voix sur l’inflation se fait plus forte » était le titre du Fois (8 mai), « Un économiste vedette affirme que la clé n’est pas d’augmenter les taux d’intérêt mais de cibler la cupidité des entreprises ». La star en question est Isabella Weber qui, selon l’article, a apporté une « contribution importante à l’étude de la manière dont le pouvoir de fixation des prix des entreprises fait monter l’inflation, un phénomène qui a été surnommé « greedflation » ».

L’article continue :

« Weber préfère utiliser le terme « inflation des vendeurs » pour décrire comment le choc d’une crise énergétique mondiale et les pénuries d’approvisionnement pendant la pandémie ont conduit les entreprises à répercuter les coûts sur les consommateurs et à faire de l’inflation une caractéristique « généralisée » de l’économie. Cela a à son tour conduit les travailleurs à demander plus de salaire, dit-elle ».

En d’autres termes, elle renverse nettement les rôles de ceux qui accusent les travailleurs d’avoir déclenché une « spirale salaires-prix » et affirment qu’au contraire, ce sont les entreprises qui déclenchent une spirale « prix-salaires » en haussant les prix pour faire plus de profit.

Mais ce n’est pas une nouvelle théorie. C’est la théorie standard de l’inflation de gauche depuis les années 1950, y compris par certains économistes marxistes – Paul Mattick Jnr, par exemple. Voici comment il expliquait la hausse du niveau général des prix à la fin des années 1970 :

«Les entreprises ont défendu leurs résultats en augmentant les prix; les travailleurs se sont battus pour des salaires plus élevés afin de défendre leur niveau de vie, généralement plus lentement que les hausses de prix auxquelles ils réagissaient. Les prix ont augmenté dans toute l’économie alors que différents secteurs d’activité luttaient pour faire payer aux autres le coût de la dette : la redoutable inflation induite par la relance » (tinyurl.com/2a927sd5).

Aussi tentant soit-il de reprocher aux entreprises capitalistes d’avoir provoqué une hausse « généralisée » des prix, les entreprises n’en sont pas plus capables que les travailleurs. L’inflation, correctement comprise comme une hausse du niveau général des prix, ne peut être causée que par une dépréciation de la monnaie due à l’émission d’une trop grande quantité de monnaie. Les prix individuels peuvent augmenter pour d’autres raisons (comme récemment en raison du choc mondial sur les prix de l’énergie et des pénuries de la chaîne d’approvisionnement), mais ce n’est pas la même chose qu’une hausse des prix en général. Une fois que l’inflation monétaire a commencé, le prix de ce que vendent les entreprises et les travailleurs va augmenter, créant l’illusion que l’un (faites votre choix) a causé l’autre alors qu’ils sont tous les deux causés par un troisième facteur.

Il n’est pas clair d’après l’article si Weber soutient que la « cupidité » était la cause de la hausse des prix passée ou simplement de ce qui se passe actuellement, mais le Norme socialiste traite en octobre 1972 de la théorie selon laquelle l’inflation est due à la cupidité. Se référant à la hausse anormale des prix depuis 1939 nous disions :

« La plupart des soi-disant explications prennent la forme de reprocher à un groupe ou à un autre d’être « cupide » ; banquiers, ou fabricants, ou détaillants ou syndicalistes. C’est une explication qu’un coup d’œil sur certains faits montrera comme un non-sens. Les compagnies de cuivre ont-elles réduit leurs prix de 40 % en 1971 parce qu’elles étaient soudainement devenues moins gourmandes ? Entre 1948 et 1968, les prix ont augmenté de 100 % en Grande-Bretagne, mais seulement de moitié en Amérique et en Suisse : les Britanniques sont-ils deux fois plus gourmands ?

Les entreprises ne peuvent pas augmenter les prix à volonté pour augmenter leurs profits. Les vendeurs fixent leur prix en fonction de ce qu’ils jugent que le marché supportera. C’est la limite de leur « pricing power ». Parfois, ils sont capables d’augmenter leur prix, mais ils ne peuvent pas contrôler les conditions qui leur permettent de le faire. Causer « l’inflation » est une accusation pour laquelle les sociétés capitalistes peuvent à juste titre plaider non coupables.

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